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Et si on mangeait moins de viande?

Par Lise Bergeron

Mise en ligne : 27 septembre 2012

Réduire sa consommation de viande est non seulement bénéfique pour la santé, mais aussi pour la planète, concluent des chercheurs de l’Université de Cambridge.

Photo: Shutterstock
Encore une fois, la viande en prend pour son rhume dans la presse scientifique. Cette fois, c’est une équipe de chercheurs britanniques qui enfonce le clou: «La consommation de viande rouge et transformée est une source majeure de gaz à effet de serre, et une consommation élevée de ces produits augmente le risque de maladies chroniques. Notre objectif était de voir comment une réduction de la consommation de viande se répercuterait sur l’environnement et la santé», écrivent les auteurs de l’étude, publiée en ligne par le British Medical Journal.

Pour l’environnement et la santé
L’équipe de l’Université de Cambridge a mesuré les rejets de CO2 entraînés par les gros et les petits mangeurs de viande, et les a comparés avec ceux des végétariens. Résultat: en coupant de moitié leur consommation de viande rouge et de charcuteries, les Britanniques réduiraient d’environ 28 millions de tonnes la production de CO2, ce qui entraînerait une chute de 3 % des émissions de gaz à effet de serre (GES).

Les chercheurs rappellent également que de récentes méta-analyses ont démontré des liens entre consommation de viande et risque accru de contracter plusieurs maladies. «En réduisant l’apport en produits carnés, l’incidence des maladies cardiovasculaires, du diabète de type 2 et du cancer colorectal chuterait de 3 à 12 % dans la population du Royaume-Uni», notent les scientifiques.

Pour la nutritionniste Anne-Marie Roy, qui est aussi vice-présidente de l’Association végétarienne de Montréal, il n’y a rien de nouveau sous le soleil: «Cette étude vient simplement confirmer des données qu’on avait déjà. On sait depuis des années que les végétaux, peu ou pas transformés, nous protègent des maladies chroniques et sont moins coûteux en ressources que les produits animaux. Il est grand temps de changer notre culture alimentaire centrée sur la viande et de mettre les végétaux à l’honneur.»

Comment réduire sa consommation de viande
Le site Lundi sans viande donne des recettes et une foule d’idées pour réduire sa consommation de viande, tout en respectant un bon équilibre alimentaire et en compensant par d’autres sources de protéines. Voici quelques trucs.
  • Adoptez les légumineuses (pois chiches, lentilles, fèves, etc.). Faites, par exemple, un pâté chinois ou une casserole de riz aux lentilles, un chili sin carne aux haricots rouges ou des croquettes de pois chiches.
  • Mangez des noix (amandes, noix de Grenoble, pacanes, etc.) et des graines (de tournesol, de citrouille, de sésame, etc.). Ajoutez-en dans vos salades, mangez-en sous forme de beurre ou en collation.
  • Incorporez du tofu dans vos recettes. En cubes dans vos soupes ou dans un sauté de légumes, ou émietté dans la sauce à spaghetti.
  • Remplacez le jambon par du végépâté, de l’hummus ou du baba ghannouj (purée à base d’aubergine) dans vos sandwichs.
  • Choisissez un resto qui offre des plats sans viande.
L’avenir appartient-il aux végétariens?
L’étude de l’Université de Cambridge s’ajoute à celle publiée en Suède le mois dernier à l’occasion de la Conférence mondiale sur l’eau qui réunissait à Stockholm des scientifiques de 120 pays. L’objet des discussions: les enjeux entourant la consommation d’eau potable et la pénurie anticipée de cette ressource à mesure que la population mondiale augmente.  

Le rapport publié par le Stockholm International Water Institute (SIWI) est catégorique: il faut revoir radicalement nos méthodes de production alimentaire si on veut arriver à nourrir les neuf milliards d’humains qui peupleront la Terre d’ici 2050. L’élevage du bétail, notamment, est très énergivore, puisqu’il faut de 5 à 10 fois plus d’eau pour produire des protéines animales que pour obtenir des protéines végétales. De plus, le tiers des terres arables de la planète servent à l’alimentation des bêtes.

Les viandes transformées augmenteraient le risque de cancer de la prostate

11 novembre 2009 – Les gros mangeurs de viandes transformées et, dans une moindre mesure, ceux qui consomment les viandes rouges seraient plus à risque d’être atteints du cancer de la prostate.

C’est ce qu’indiquent les résultats d’une étude1 menée auprès de 175 343 hommes âgés de 50 ans à 71 ans. Aucun ne souffrait du cancer de la prostate au départ.

Neuf ans plus tard, 10 313 cas de cancer se sont déclarés et, parmi ces cas, 1 102 participants avaient un cancer à un stade avancé, c’est-à-dire accompagné de métastases.

Les chercheurs ont découvert que ceux qui consommaient le plus de viandes transformées – charcuteries, bacon, saucisses – couraient un risque nettement plus élevé (32 %) de contracter le cancer de la prostate que ceux qui en mangaient le moins.

Chez les gros mangeurs de viande rouge, le risque de cancer augmentait légèrement (12 %) par rapport à ceux qui en consommaient le moins. Chez les amateurs de viandes grillées, le risque augmentait de 11 %.

Un cancer fréquent

Selon les chercheurs, ces résultats sont indépendants des principaux facteurs de risque pouvant mener à un cancer de la prostate, soit le vieillissement, les antécédents familiaux et la race.

On estime qu’environ 33 % des hommes de moins de 80 ans sont atteints de ce cancer à divers degrés. Les hommes de certaines familles sont plus atteints que d’autres. Les Noirs sont plus touchés que les Blancs et les Asiatiques le sont moins.

Parmi les facteurs de risque de moindre importance, il y a l’obésité, le manque d’exercice, le tabagisme, la vasectomie, l’hypertrophie bénigne de la prostate et les infections transmises sexuellement (ITS).

Depuis quelques années, on pense que la consommation de viandes rouges et de viandes transformées pourrait aussi faire partie des facteurs de risque secondaires.

On croit que les nitrites et les nitrates présents dans la viande rouge et surtout dans les viandes transformées pourraient être en cause. Il est également possible que certains composés chimiques qui se forment lors de la cuisson – particulièrement en grillade – aient un effet cancérigène.

Pierre Lefrançois – PasseportSanté.net

1. Sinha R, Park Y, et al. Meat and meat-related compounds and risk of prostate cancer in a large prospective cohort study in the United States. Am J Epidemiol. 2009 Nov 1;170(9):1165-77.

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